MAG  SECURS  : Portrait Isabelle TISSERAND  Vice Présidente du département de cybersécurité satellitaire& spatiale de 3i3s  » La guerrière de la cyber »
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Futur : Un petit tour et puis s’envole
 LE PARISIEN MAGAZINE. Grâce aux pistes d’atterrissage circulaires, les avions pourraient décoller et se poser en toute sécurité, quelle que soit la direction du vent, tout en consommant moins de carburant.
Plus que les turbulences et l’absence de visibilitĂ©, ce sont les vents de travers qui rendent pĂ©rilleux les atterrissages. Un projet nĂ©erlandais propose une solution audacieuse Ă ce problème. Dans le cadre du programme lancĂ© en 2007 par la Commission europĂ©enne pour imaginer l’aĂ©roport du futur, le chercheur Henk Hesselink, du Centre aĂ©rospatial des Pays-Bas, a eu l’idĂ©e rĂ©volutionnaire de bâtir une piste circulaire. Son principal intĂ©rĂŞt : « Offrir, Ă chaque instant, un point d’entrĂ©e oĂą les pilotes ont le vent en face, explique l’inventeur. Cela permet de rĂ©duire l’impact de la mĂ©tĂ©o sur le trafic aĂ©rien, et donc d’augmenter la capacitĂ© de l’aĂ©roport. » SĂ©duites, l’Espagne, l’Allemagne, la Pologne et la France se sont alliĂ©es aux Pays-Bas pour contribuer Ă l’Ă©tude de faisabilitĂ© du projet, baptisĂ© Endless Runway (« piste sans fin »).
Pour compenser la force centrifuge au moment de l’atterrissage et aider au dĂ©collage, la piste, entourĂ©e d’un remblai d’une trentaine de mètres de hauteur, sera lĂ©gèrement en pente, le bord extĂ©rieur Ă©tant surĂ©levĂ©. « L’avion dĂ©marrera du cĂ´tĂ© interne, indique Maud Dupeyrat, en charge du projet, en France, au sein de l’Office national d’Ă©tudes et de recherches aĂ©rospatiales (Onera). Plus il prendra de la vitesse et plus la force centrifuge le guidera vers le cĂ´tĂ© externe, d’oĂą il dĂ©collera en tirant avantage de la pente, ce qui est intĂ©ressant en cas de vent faible. » Le passager, lui, subira une poussĂ©e relativement faible. « Une sensation plus confortable que dans une voiture qui prend un virage en montagne ! » affirme la scientifique.
Le bruit, concentrĂ© Ă l’intĂ©rieur du cercle
PrĂ©sentĂ© Ă la Commission europĂ©enne en 2014, le projet a Ă©tĂ© Ă©cartĂ© en raison de son coĂ»t de construction, estimĂ© de 10 % Ă 60 % plus cher que celui d’un aĂ©roport classique. MalgrĂ© tout, son inventeur, Henk Hesselink, continue Ă le promouvoir – il l’a dĂ©voilĂ© au grand public en mars. La piste circulaire prĂ©sente en effet beaucoup d’atouts. Avec 3 kilomètres de diamètre pour 150 mètres de largeur, elle pourrait accueillir trois avions en mĂŞme temps, et atteindre un fux de 110 mouvements (dĂ©collages ou atterrissages) par heure. Presque autant qu’Ă Roissy-Charles-de Gaulle (120 mouvements par heure), sur une surface totale Ă©quivalente Ă 27 % de celle du grand aĂ©roport parisien. La pente de la piste permettrait par ailleurs de diminuer le bruit, en le concentrant vers l’intĂ©rieur du cercle. Enfin, les 36 points d’entrĂ©e et de sortie offriraient la possibilitĂ© de dĂ©coller directement dans la bonne direction, et d’atterrir en s’Ă©pargnant les manoeuvres d’approche. « On diminuerait ainsi de 1 % Ă 2 % la distance Ă parcourir, et donc la consommation de carburant », note Maud Dupeyrat. Cette libertĂ© quant aux points de dĂ©collage et d’atterrissage permettrait aux aiguilleurs du ciel de rĂ©partir les nuisances (pollution, bruit) entre les villes et villages qui entourent l’aĂ©roport, pour que ce ne soit pas toujours les mĂŞmes qui soient survolĂ©s.
Des premiers tests dans les années 1960
Verra-t-on un jour les avions tourner en rond avant de dĂ©coller ? L’idĂ©e, ancienne, avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©mise par le pionnier français de l’aviation ClĂ©ment Ader (1841-1925). Plus tard, dans les annĂ©es 1960, l’armĂ©e amĂ©ricaine a rĂ©alisĂ© des essais sur des pistes de la compagnie General Motors destinĂ©es aux voitures. Leurs rĂ©sultats sont classĂ©s secret-dĂ©fense, mais Henk Hesselink a pu prendre connaissance de comptes rendus de certains pilotes, faisant Ă©tat d’une installation pratique et facile Ă utiliser. Lui et son Ă©quipe ont dĂ©jĂ effectuĂ© d’innombrables tests en simulateur. « MĂŞme si tous les voyants sont au vert au stade des simulations, il est impossible de prĂ©voir aujourd’hui ce qui va se passer dans la rĂ©alitĂ© », avertit Philippe Boissat, pilote, ingĂ©nieur et consultant au cabinet de conseil Deloitte. Une chose est sĂ»re : avant de se lancer sur une telle piste, les pilotes auront Ă suivre une formation spĂ©cifique. Ils pourront ensuite s’appuyer sur la technologie numĂ©rique, qui les assistera dans leurs manoeuvres et dans le calcul des trajectoires. Ce projet n’en est qu’au stade des promesses. Mais « ce type d’aĂ©roport prĂ©sente tellement d’avantages que c’est certainement l’aĂ©roport du futur », reconnaĂ®t Philippe Boissat. MĂŞme si la Commission europĂ©enne n’en veut pas, le projet suscite l’enthousiasme des pilotes et des passionnĂ©s et trouvera peut-ĂŞtre des financements sous d’autres latitudes… Pour que le rĂŞve de ClĂ©ment Ader se rĂ©alise enfin.
L’incroyable aéroport jardin de Singapour
Après avoir signé les aéroports de Tel Aviv et de Toronto, l’architecte canadien Moshe Safdie a conçu le terminal Jewel. Cette extension de l’aéroport Changi de Singapour devrait être terminée en 2019. Ce ne sera pas seulement un terminal, mais aussi, selon l’architecte, « le prototype d’un nouvel espace urbain » propice à la balade.
Voyageurs et habitants pourront arpenter, à l’abri d’une serre géante, les 134 000 mètres carrés répartis sur cinq niveaux circulaires, et mêlant forêt équatoriale et boutiques. Une cascade de 40 mètres de hauteur trônera au centre du bâtiment, entourée de verdure et de terrasses de cafés et de restaurants, faisant de l’aéroport le plus vaste jardin de Singapour.